jours la course. Pendant quelque temps, le vieux maître peut encore rester en tête : d’autres lui épargnent la peine de tirer, et il n’a plus qu’à montrer le chemin, mais, précisément, il perd le sentiment des forces agissantes ; involontairement, il cherche à maintenir l’ancienne direction, même si les conditions nouvelles en exigent une autre plus convenable, et, avant qu’il s’y attende, le char est lancé dans une autre voie.
Alors commence une troisième période, et de deux choses l’une : ou bien il marche à côté, et laisse le char suivre son chemin sans encombre, même s’il a l’intime conviction qu’il est dans la mauvaise voie. C’est ce qu’a fait Volta : il a déployé, pour inventer sa pile, une activité tout à fait extraordinaire, puis il s’est enfermé dans un silence presque complet, quoiqu’il vécut longtemps encore. Il survécut un quart de siècle à sa grande découverte et il put contempler l’essor qu’elle avait imprimé à la chimie : mais le côté chimique de l’électricité des piles était justement celui qui l’intéressait le moins, et cela semble expliquer qu’il ne fut pas tenté de suivre la science sur cette voie, qu’il tenait pour accessoire.
Ou bien, deuxième alternative, le savant se croit engagé à servir la science de son mieux, tant qu’il lui reste quelque force. Alors le conflit est inévitable : le vieux maître peut d’autant moins arrêter le mouvement une fois en train, que son impul-