paient de ces questions nouvelles. Des chimistes français, Dumas et Laurent entre autres, avaient d’abord montré que l’hydrogène de certaines combinaisons organiques pouvait être remplacé par du chlore. Les autres chimistes, formés à l’école de Berzélius, poussèrent de telles clameurs et firent une opposition si violente que Dumas s’empressa de déclarer qu’il n’avait pensé la chose que pour la forme, tandis que Laurent tint bon pour la substitution réelle du chlore à l’hydrogène. Liebig publia dans ses Annales une lettre ironique de Wœhler à Berzélius, où la théorie des substitutions était tournée en ridicule, et Berzélius parut tenir la victoire. Mais l’expérience qui devait trancher la question même pour Berzélius, fut favorable aux novateurs. Des faits toujours plus nombreux confirmaient l’existence de ces remplacements de l’hydrogène par le chlore, de ces substitutions qui n’altéraient pas la constitution des corps, et les contradicteurs se convertissaient l’un après l’autre. On ne suivait pas sans conteste Dumas, qui « dans sa hâte de conclure » (Berzélius) avait bientôt affirmé de nouveau que, pour les propriétés des combinaisons chimiques, la position des atomes est tout, et que leur nature ne fait presque rien, mais on ne pouvait pourtant pas se dissimuler que, parfois, l’influence qu’exerce sur les propriétés des combinaisons la nature de leurs éléments diminuait dans des proportions inattendues.
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