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AVANT-PROPOS VII

une lettre dont l’importance est capitale pour l’histoire du tolstoïsme¹. C’est en vain qu’on cherche dans cette réponse l’expression d’un regret, l’ombre d’une inquiétude : elle est simple, forte et franche. Tolstoï a pour flétrir le mensonge de ses adversaires des paroles sévères et d’une noble fierté. De plus, nous trouvons dans cette Lettre une profession de foi concise et nettement tranchée : « Je nie l’histoire sacrilège d’un Dieu né d’une vierge pour racheter la race humaine ; mais j’admets Dieu-esprit, Dieu-amour² ... Je ne crois pas à la vie dans l’au-delà ». Avant sa réponse au Synode, les tendances religieuses de Tolstoï n’étaient pas claires pour tous. La terminologie de certains de ses livres portait à la confusion.

Dans la Philosophie de Tolstoï j’ai cherché à définir la religion de l’auteur de Ma confession et à démontrer qu’elle est plus proche du judaïsme que du christianisme. La Réponse au Synode , parue

1. L’attitude de Tolstoï à l’égard du Synode russe est identique à celle de Spinoza vis-à-vis de la Synagogue d’Amsterdam. Spinoza accepta son excommunication sans protestation, mais ne garda pas toujours cette ligne de conduite. Plus tard, il rédigea une réponse à ses adversaires religieux dont on retrouve la substance dans son traité théologico-politique (chapitre où il conteste à une église quelconque le droit d’excommunier).

2. En Occident, cette vérité (vieille de dix-neuf siècles chez les Juifs) ne date pas d’hier. En Russie, elle ne fait qu’éclore et, grâce à l’excommunication de Tolstoï, elle ne tardera pas à fleurir. Les conséquences pour le tsarisme en seront incalculables.