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II AVANT-PROPOS

éviter toute confusion, je n’ai pas indiqué les sources des Pensées au fur et à mesure de leur exposé, j’ai cru convenable de les rejeter, sous des numéros correspondants, dans un appendice permettant au chercheur d’entrevoir la place que chaque pensée occupe dans l’ensemble de l’œuvre. Ce procédé rehausse la valeur scientifique du livre, sans le rendre moins abordable au grand public qui tient avant tout à l’entente du texte même.

Les pensées détachées méritent souvent d’être plus considérées que les maximes improvisées. Ces dernières portent toujours le caractère subjectif. Les sentences de La Rochefoucault ne nous offrent pas des pensées de La Rochefoucault, elles nous présentent La Rochefoucault selon ses sentences¹. Il faudrait ignorer les incurables petites

1. Combien les Pensées de Pascal — ses croyances mises à part — sont supérieures, rien qu’au point de vue de la sincérité, aux Maximes de La Rochfoucault : c’est que Pascal n’a jamais écrit ses pensées. Ce que nous considérons comme Pensées de Pascal sont des notes trouvées dans ses papiers après sa mort, « notes de toute forme et de toute dimension, sans liaison et dispersées confusément de côté et d’autre » dont Pascal devait se servir pour un grand travail. Le premier classement de ces notes est dû à ses amis de Port-Royal, qui réduisirent « sous les mêmes titres celles qui étaient sur les mêmes sujets ». (Préface de la première édition, 1670.)

La Rochefoucault, lui, écrivait ses maximes pour les publier. On a cru assez longtemps que la première édition de ses Réflexions datait de 1665 (Paris, Claude Barbin, éd.). Or, une année auparavant, en 1664, une édition anonyme de cet ouvrage avait paru en Hollande (La Haye, Stencker frères, éd.), par les soins de La Rochefoucault lui-même, qui voulait « tâter l’opinion». (V. Maximes de La Rochefoucault... Premier texte imprimé à La Haye. Préface