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I


Maxime Gorki (Maxime l’Amer) — pseudonyme d’Alexeï Maximovitch Pechkov — est né à Nijni-Novgorod, en 1869. Son père, ouvrier tapissier, épousa, contre le gré de sa famille, la fille d’un ancien bourlac, hâleur de barques sur la Volga. Il mourut en 1873, lors de l’épidémie de choléra. La mère du futur romancier se remaria bientôt et le jeune Alexeï, âgé de huit ans, fut mis comme apprenti chez un cordonnier.

Gorki tient de sa mère la tristesse pensive et de son père la violence de tempérament. Nature inquiète, abandonné à lui-même, il change plusieurs fois de métier et finit par s’enrôler dans l’armée des vagabonds, composée en Russie de sans-travail, d’ex-fonctionnaires, d’anciens étudiants, de moujiks que le manque de terre chasse de leur village, de la lie de la société, tous buveurs de vodka, sans profession avouée, tantôt ouvriers, tantôt voleurs, prêts à tout, capables de tout. Gorki ne connaît désormais que la grande route, il n’a pour compagnons que des vagabonds dont la vie n’a pas de secrets pour lui, il ne comprend que les va-nu-pieds... Il explore les bords de la Volga dont les eaux éveillent son imagination : partout, il observe, emmagasine des visions, emplit sa mémoire d’images, l’enrichit de modèles, de types originaux. Les conditions d’existence de Gorki sont vraiment douloureuses ; il est, tour à tour, aide-cuisinier sur un bateau à vapeur, marchand de kvass (cidre), hâleur. Le monde des