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sinon se donner libre cours, du moins servir de prétexte à controverser, à créer des mouvements, à manifester sa vitalité. Si Pouchkine et Lermontov sont des chantres ; tout court, les poètes Koltsov (1809-1847), Nekrassov (1821-1876), Chevtchenko (1814-1861), Nadson (1862-1887), sont des chantres à tendances nettement sociales. Les maîtres de la critique, Biélinsky (1810-1848). Dobroloubov (1836-1861), Pissarev (1840-1868), Tchernichevsky (1827-1889), Michaïlovsky (1840-1904) sont des écrivains-combattants, des initiateurs de mouvements sociaux d’idées. Mais c’est surtout le roman qui, au xixe siècle, a une portée particulière. C’est lui qui alimente la critique. Le roman n’est-il pas de tous les genres littéraires celui qui reflète le mieux, les mœurs, les tendances, les idées d’une époque donnée ? Jusqu’au xixe siècle, le roman, ou plutôt le conte, s’était maintenu dans les régions poétiques de l’imagination pure. Depuis Gogol, le roman russe reproduit les beautés et les laideurs de la vie réelle. Les romanciers placent leurs personnages dans un milieu vrai, bien observé et les traitent comme des êtres vivants. Le Roman russe du xixe siècle est le tableau fidèle de la société russe de cette époque.


II


Je ne me propose pas d’écrire l’histoire du roman russe du xixe siècle dans ses divers courants, ni d’éta-