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dépendante est considérée comme étant du domaine du paganisme et persécutée. Au milieu du xie siècle apparaît, à Kiev, le célèbre solitaire Nestor, le premier historien russe. Sa fameuse chronique, Récit contemporain, offre les premières pages écrites sur la Russie.

En dehors du Code des lois de Yaroslav (Rousskaïa Pravda) et d’Instruction par le prince Vladimir Monomach, il n’y a pas d’œuvres originales. L’Instruction de Monomach, récit de ses occupations journalières et série de préceptes, marque une époque transitoire entre la littérature religieuse et la littérature profane.

À la fin du xie siècle est composé Slovo o polkou Igorové (Récit de la campagne d’Igor) où il est encore constamment fait mention des divinités et des cérémonies païennes. C’est une relation de la campagne d’Igor Sviatoslavitch de Novgorod Sévreski contre les Polovtsi (1185). Par ses réelles qualités, le Récit d’Igor est un monument de la même importance pour la littérature russe que La Chanson de Roland pour les lettres françaises. Les descriptions de l’armée, des combats, sont animées d’un grand souffle épique.

On y trouve des traces de l’influence de la poésie bulgare. Tout porte à croire que le poème est l’ouvrage d’un seul homme, grand poète, barde, sans doute, de la suite du prince Igor. Le Récit de la campagne d’Igor fut retrouvé en 1795 par le comte Moussine-Pouchkine ; le manuscrit appartenait probablement au xive siècle.[1]

  1. Edition-princeps, 1800. Voir aussi les Zapiski de l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. V, 1864 et les travaux de Barsov, Potebnia, V. Miller.