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CARTHON


qui commence la nuit qui précéda la mort de Carthon ; de sorte que ce qui se passa avant est amené en manière d’épisode. Le poème est adressé à Malvina, fille de Toscar.

Un récit des temps qui ne sont plus ! Les hauts faits des autres années !

Le murmure de tes torrents, ô Lora ! rappelle le souvenir du passé. Le bruit de tes forêts, ô Garmallar, est agréable à mon oreille. Ne vois tu pas, Malvina, ce rocher avec sa tête de bruyère ? Trois vieux sapins se penchent sur son front ; verte est la plaine étroite à ses pieds : là, pousse la fleur de la montagne ; elle balance sa tête blanche à la brise : là, croît le chardon solitaire, répandant sa barbe blanchie. Deux pierres à moitié cachées dans la terre, montrent leurs têtes de mousse. Le chevreuil de la montagne évite cet endroit, car il y voit un lugubre fantôme. Les puissants, ô Malvina, reposent sur la plaine étroite du rocher.

Un récit des temps qui ne sont plus ! Les hauts faits des autres années !

Qui revient de la terre des étrangers, entouré de ses mille guerriers ? Le soleil épanche devant lui un torrent de lumière ; sa chevelure joue avec les vents de ses collines. Sa figure se repose de la guerre. Il est calme comme le rayon du soir qui regarde des nuages du couchant sur la silencieuse vallée de Cona. Qui est-ce autre que le fils de Comhal, le roi aux grandes actions ! Avec joie il revoit ses collines : il ordonne à mille voix de s’élever. « Vous avez fui sur vos plaines, enfants d’une terre éloignée. Le roi du monde, assis dans son palais, apprend la fuite de son peuple. Il lève l’œil enflammé de son orgueil et saisit le glaive de son père. Vous avez fui sur vos plaines, enfants d’une terre éloignée ! »

Telles furent les paroles des bardes, quand ils arrivèrent au palais de Selma. Mille lumières, conquises sur la terre des étrangers, brillèrent au milieu