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CARRIC-THURA.

chait sa face rouge dans l’orient. Un vent impétueux descendit de la montagne ; sur ses ailes était l’esprit de Loda. Il vient à sa pierre, dans toutes ses terreurs ; il agite sa sombre lance : ses yeux semblent des flammes sur sa face ténébreuse et sa voix est semblable à un tonnerre éloigné. Fingal avance son épée dans la nuit et fait entendre sa voix.

« Fils de la nuit, retire-toi : appelle tes vents et fuis ! Pourquoi viens-tu en ma présence avec tes armes de vapeur ? Est-ce que je crains ta forme ténébreuse, lugubre esprit de Loda ? Faible est ton bouclier de nuage : faible est ce météore, ton épée. Les vents les roulent ensemble ; et toi, tu t’évanouis toi-même. Fuis de ma présence, fils de la nuit ! appelle tes vents et fuis ! »

« Me chasses-tu de mon enceinte ? répondit la voix sépulcrale. Les peuples se prosternent devant moi. Je tourne les chances du combat dans la plaine du brave. Je regarde les nations et elles s’évanouissent : mes narines versent le souffle de la mort. Je sors sur les vents : les tempêtes sont devant ma face. Mais ma demeure est calme au-dessus des nuages ; les champs de mon repos sont agréables.

Demeure donc dans tes champs agréables, dit Fingal, et oublie les fils de Comhal. Mes pas montent-ils de mes collines dans tes plaines paisibles ? Avec une lance vais-je à ta rencontre sur ton nuage, lugubre esprit de Loda ? Pourquoi donc fronces-tu le sourcil sur moi ? Pourquoi agites-tu ta lance aérienne ? Tu fronces le sourcil en vain ! Dans la guerre je n’ai jamais fui devant le Puissant ; et les enfants de l’air effrayeraient-ils le roi de Morven ! non, il connaît la faiblesse de leurs armes !

Fuis vers ton pays, répondit le fantôme : reçois les brises favorables et fuis ! Les vents sont dans le creux de ma main ; je dirige la course des tempêtes. Le roi de Sora est mon fils, il s’agenouille sur la