Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
CARRIC-THURA.

tes. Tu n’as fait qu’apparaître, ô mon amour ! Tu errais sur la bruyère ; tes cheveux derrière toi flottaient sur la brise ; ton sein se gonflait à la vue et tes yeux étaient pleins de larmes pour tes compagnes que le brouillard de la colline avait cachées. Je voudrais te consoler, mon amour, et te ramener à la demeure de ton père !

Mais est-ce elle qui apparaît là-bas comme un rayon de lumière sur la plaine ? Brillante comme la lune en automne, comme le soleil dans un orage d’été ; sur les rochers et les montagnes, voles-tu vers moi, ô jeune fille ? Elle parle : mais que sa voix est faible ! ainsi la brise dans les roseaux du lac.

VINVELA.

Reviens-tu sans blessures de la guerre ? Où sont tes amis ? J’ai appris ta mort sur la colline ; je l’ai apprise et je t’ai pleuré, Shilric !

SHILRIC.

Oui, je reviens, ô ma beauté, mais seul de ma race ! Tu ne les verras plus : j’ai élevé leurs tombeaux sur la plaine. Mais pourquoi es-tu sur la colline déserte, pourquoi seule sur la bruyère ?

VINVELA.

Seule je suis, ô Shilric ! seule dans la maison de l’hiver. J’ai succombé à ma douleur pour toi. Shilric, je suis pâle dans la tombe.

SHILRIC.

Elle s’envole, elle flotte au loin comme le brouillard devant la brise ! et ne veux-tu pas t’arrêter, Vinvela ? Arrête et vois mes larmes ! Belle tu fus pendant ta vie, belle tu m’apparais, ô Vinvela !

J’irai m’asseoir sur la mousse de la fontaine, sur le sommet de la colline des vents. Quand le milieu du