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CARRIC-THURA.

autour de lui et son arc résonne dans la brise. Reposes-tu près de la source du rocher, ou près du bruit du torrent de la montagne ? Les joncs balancent leurs têtes au vent et le brouillard vole sur la colline. J’approcherai de mon amour sans être vue ; du rocher, je le contemplerai. Charmant, je te vis pour la première fois près du vieux chêne de Branno ; tu revenais majestueux de la chasse ; le plus beau parmi tes amis.

SHILRIC.

Quelle voix entends-je ? Cette voix est semblable à la brise de l’été. Je ne suis point assis près des joncs ondoyants : je n’entends pas la source du rocher. Loin, Vinvela, bien loin, je vais aux guerres de Fingal. Mes chiens ne me suivent plus ; je ne marche plus sur la colline. Je ne te vois plus du haut du rocher errer gracieuse près du torrent de la plaine, brillante comme l’arc du ciel, comme la lune sur les vagues de l’occident.

VINVELA.

Tu t’es donc en allé, ô Shilric, et je suis seule sur la colline ! sur le sommet on voit les chevreuils : ils paissent sans crainte et ne s’effraient plus de la brise ni de l’arbre qui frémit. Le chasseur est absent ; il est loin, bien loin, dans le champ des tombeaux. Étrangers, fils des vagues, épargnez mon beau Shilric !

SHILRIC.

Si je dois succomber sur le champ des batailles, élève ma tombe, ô Vinvela ! quelques pierres grisâtres, de la terre amoncelée, me rappelleront aux siècles futurs. Quand le voyageur viendra s’asseoir près de ce tertre pour prendre son repas à midi, « quelque guerrier repose ici, » dira-t-il, et ma gloire