Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
CARRIC-THURA.

ma ; que leurs rayons s’étendent dans la salle, le roi des coupes est de retour ! La lutte du Carun est passée, pareille aux sons qui ne sont plus. Élevez les chants, ô barde, le roi est revenu dans sa gloire.

Telles furent les paroles d’Ullin quand Fingal revint de la guerre ; quand il revint dans la blonde fraîcheur de la jeunesse et paré de sa riche chevelure. Sur le héros étaient ses armes bleues, comme un léger nuage sur le soleil, quand il se meut dans sa robe de brouillard et qu’il ne montre que la moitié de ses rayons. Les héros suivaient leur roi : le festin des coupes est étalé. Fingal se tourne vers ses bardes et leur ordonne de commencer leurs chants.

« Voix de l’harmonieuse Cona, dit-il, bardes des autres temps, ô vous sur les âmes de qui s’élève la foule des ombres de nos pères ; frappez la harpe dans mes salles et que j’entende vos chants. Douce est la joie de la tristesse ; elle est comme l’ondée du printemps quand elle amollit la branche du chêne et que la jeune feuille lève sa verte tête. Chantez, chantez, ô bardes ! Demain nous lèverons les voiles. Ma course bleue sera à travers l’océan, vers les murailles de Carric-thura ; les murailles moussues de Sarno, où demeurait Comala. Là, le noble Cathulla prépare le festin des coupes. Les sangliers de ses bois sont nombreux : le bruit de la chasse s’éveillera.

Cronnan, fils de l’harmonie ! dit Ullin ; Minona, gracieuse à la harpe ! chantez l’histoire de Shilric, pour plaire au roi de Morven. Que Vinvela s’avance dans sa beauté, pareille à l’arc de la pluie, lorsqu’il montre sa tête charmante sur le lac et que le soleil couchant est radieux. Elle s’avance, ô Fingal, sa voix est douce mais triste.

VINVELA.

Mon amour est un fils de la colline ; il poursuit le chevreuil léger. Ses chiens gris et haletants sont