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COMALA.

viens des rives de Crona. Pose l’arc et prends la harpe. Que la nuit commence avec les chants ; que notre joie soit grande sur l’Ardven.

MELILCOMA.

La nuit descend avec vitesse, ô jeune fille aux yeux bleus ! la nuit grise devient obscure sur la plaine. J’ai vu un cerf près du torrent de Crona ; il me semblait, dans l’obscurité, un tertre de mousse ; mais bientôt il s’enfuit en bondissant. Un météore jouait dans les rameaux de son bois, et les figures terribles des temps passés se montraient sur les nuages de Crona.

DERSAGRENA.

Ce sont les présages de la mort de Fingal ! Le roi des boucliers est tombé et Caracul triomphe ! De ton rocher lève-toi, Comala ; fille de Sarno, lève-toi dans tes larmes ! Le jeune guerrier de ton amour est tombé ; son ombre est sur nos collines.

MELILCOMA.

Là, Comala s’assied abandonnée. Deux chiens gris, près d’elle, secouent leurs oreilles hérissées : ils happent la brise fuyante. Sa joue rouge repose sur son bras et le vent de la montagne est dans ses cheveux ; elle tourne ses yeux bleus vers la plaine d’où Fingal a promis de revenir. Où es-tu, ô Fingal ! la nuit s’épaissit alentour.

COMALA.

Ô Carun des torrents, pourquoi vois-je tes ondes rouler dans le sang ! Le bruit de la bataille a-t-il été entendu ? Dort-il le roi de Morven ? Lève-toi, lune, fille du ciel ! Montre-toi entre tes nuages ; lève-toi, pour que je voie l’éclat de ses armes sur la plaine de sa promesse ! ou plutôt, que le météore qui éclaire nos pères à travers les ténèbres, vienne, avec sa rouge lumière, me montrer le chemin vers mon