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CATH-LODA.

pelle la fille de Lulan ; mais elle est loin, bien loin, dans le palais de Loda ! Gonflé de rage, il marche vers l’endroit où Fingal reposait seul. Sur sa colline secrète le roi était couché sur son bouclier.

Farouche chasseur des sangliers, ce n’est point une faible vierge qui repose devant toi ! Ce n’est point un enfant sur son lit de fougère, près de la rive murmurante du Turthor ! Ici est étendue la couche des puissants, la couche d’où ils se lèvent pour des actions de mort ! Chasseur des sangliers, n’éveille pas le terrible !

Starno s’avance en murmurant. Fingal se lève dans ses armes. « Qui es-tu, fils de la nuit ? » Starno sans répondre lui jette sa lance ; ils engagent une lutte ténébreuse. Le bouclier de Starno tombe fendu en deux : le guerrier est lié à un chêne. Les rayons du matin se lèvent et Fingal reconnaît le roi. Il roule quelque temps ses yeux en silence ; il pense aux jours du passé, lorsque Agandecca la vierge aux seins blancs, glissait douce et légère comme la musique des chants. Il délie les mains de Starno. « Fils d’Annir, dit-il, retire-toi ! retourne à Gormal des coupes. Un rayon qui s’est couché m’apparaît : je me rappelle ta fille aux seins blancs ; roi terrible loin de moi ! Retire-toi dans ta demeure, ténébreux ennemi de la beauté ! que l’étranger t’évite, toi qui vis sombre dans ton palais ! »

Un récit des temps qui ne sont plus !