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CATH-LODA.

devant moi ! Il ne tombera pas comme le feu du ciel, dont la chute ne laisse point de traces sur la terre ! — Mais il vient, tel que l’aigle qui descend du tourbillon des vents. Dans sa main sont les dépouilles de l’ennemi. Roi de Selma, nos âmes étaient tristes ! »

« Les ennemis sont près de nous, Duth-maruno ; ils s’avancent comme les vagues au milieu du brouillard, quand leurs têtes écumantes se montrent au-dessus des lourdes et flottantes vapeurs. Le voyageur suspend sa course ; il ne sait où fuir. Mais nous ne sommes point de tremblants voyageurs ! Fils de héros, tirez le glaive ! Est-ce l’épée de Fingal qui vous guidera, ou celle de l’un de ses guerriers ? »

Ô Fingal ! répondit Duth-maruno, les hauts faits du passé sont comme des sentiers à nos yeux. Nous voyons Trenmor au large bouclier briller encore au milieu de ses sombres armées. L’âme du roi n’était pas faible et ne couvait point dans le secret de ténébreuses actions. De leurs cent torrents descendirent les tribus sur la verte Colglancrona : leurs chefs marchaient à leur tête ; chacun d’eux disputait le commandement de l’armée. Souvent leurs épées étaient à moitié tirées. Les yeux de leur courroux roulaient enflammés. Ils se tenaient séparés et murmuraient des chants menaçants. — « Pourquoi céderaient-ils l’un à l’autre ? Leurs pères étaient égaux dans la guerre. » — Trenmor était là, au milieu de son peuple, majestueux sous sa jeune chevelure. Il vit s’avancer l’ennemi, et la colère de son âme se réveilla. Il ordonne aux chefs de commander tour à tour : ils le firent, et tous furent repoussés. Alors, Trenmor au bouclier bleu descend de sa verte colline ; il conduit l’armée aux vastes flancs, et les étrangers disparaissent. Autour de lui s’assemblent ses guerriers, et de joie ils frappent sur leurs boucliers. Les ordres des rois arrivaient toujours de