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CATH-LODA.

Ils entendirent les pas de Fingal : les deux guerriers se lèvent en armes. « Swaran, terrasse cet aventurier, s’écria Starno, dans son orgueil ; prends le bouclier de ton père ; c’est un rocher dans la bataille. » Swaran jette sa lance étincelante ; elle reste plantée dans l’arbre de Loda. Alors les deux ennemis s’avancent avec leurs épées. Ils croisent leurs fers bruyants. À travers les courroies du bouclier de Swaran s’enfonce la lame de Luno[1] ; le bouclier roule par terre. Fendu, le casque tombe ; mais Fingal retint son glaive levé. Furieux, Swaran reste désarmé, il roule ses yeux en silence. Il jette son épée par terre et marchant à pas lents il repasse le torrent et s’éloigne en sifflant.

Mais Swaran a été vu de son père. Starno se retire courroucé : Ses sourcils hérissés se froncent sombrement sur sa rage concentrée. De sa lance il frappe l’arbre de Loda et murmure un chant sourd. Tous deux regagnent l’armée de Lochlin, mais chacun de son côté et d’un pas sombre ; tels deux torrents couverts d’écume descendent de deux vallées pluvieuses. Fingal retourne à la plaine de Turthor. Beau, se lève le rayon de l’orient ; il brille sur les dépouilles de Lochlin dans la main du roi. De sa caverne, sortit dans sa beauté, la fille de Torcul-torno. Elle rassemblait ses cheveux qui flottaient sur la brise et faisait entendre son chant sauvage ; le chant de Lulan des coupes où son père demeurait autrefois. Elle vit le bouclier sanglant de Starno et la joie répandit une lumière sur son visage. Elle vit le casque fendu de Swaran et, désespérée, elle s’éloigna de Fingal. « Tu es donc tombé près de tes cent torrents, ô amour de la vierge éploréee ! »

U-thorno, qui t’élèves sur les vagues et dont les

  1. La lame de Luno — l’épée de Fingal, ainsi nommée du nom de celui qui l’avait faite, Luno de Lochlin.