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DES POÈMES D’OSSIAN.

le même esprit, grave et contemplatif. Qu’on étudie avec soin les compositions des plus grands noms de cette époque et, à quelques exceptions près, on verra dans le courant de l’œuvre se dessiner la veine ossianique : on dirait ces larges nappes souterraines qu’on est sûr de rencontrer dans le sein de la terre de quelque point qu’on la sonde.

Comme Homère est le représentant de la poésie aux jours épiques de la Grèce, Ossian est la personnification de l’ancienne poésie du Nord. Les grands poètes ont cela de commun qu’ils absorbent et s’assimilent toute la substance poétique de leurs devanciers et de leurs contemporains. Ils sont comme le résumé des idées et des choses de leurs temps ; l’écho qui doit en perpétuer le souvenir. Il est plus que probable qu’Ossian s’est inspiré des chants de ses prédécesseurs, et que dans les poèmes que l’Écosse nous a légués sous son nom, il est des parties qui, altérées et confondues par la tradition, appartiennent à des émules contemporains ou à des bardes antérieurs que l’éclat de son nom a fini par éclipser entièrement. Il est des jours et des peuples où, tantôt pour une cause, tantôt pour une autre, la poésie, loin d’atteindre à tout son luxe de développement,