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DE L’AUTHENTICITÉ

lateur de son malheureux Werther. À des régions moins élevées, le barde calédonien compte encore une foule d’admirateurs non moins passionnés. Cesarotti, le célèbre traducteur d’Homère, le met en vers italiens et va jusqu’à le préférer au chantre de l’Odyssée. Dans des temps plus rapprochés, Byron lui paie à son tour un tribut d’admiration, en imitant sa forme et sa manière dans un morceau en prose. Anglais et étrangers, poètes et prosateurs, tous à l’envi l’imitent ou le traduisent. Du cabinet du poète et du palais de l’empereur, si cette poésie descend au foyer calme des familles, elle y trouve de si vives sympathies que les mères lui empruntent pour leurs enfants, les noms mélodieux d’Oscar et de Malvina. Celui qui pénètre ainsi dans les masses, qui subjugue à la fois l’artiste et le conquérant, l’homme de peine et l’homme de lettres, celui-là ne peut être qu’un poète de premier ordre, j’ai presque dit un de ces poètes-mères dont parle Chateaubriand, qui alimentent à eux seuls plusieurs siècles de poésie. La muse moderne porte un vague reflet du génie triste et méditatif d’Ossian : sa grande ombre rêveuse domine toute la poésie de notre siècle. C’est la même forme avec ses images hardies, c’est