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DES POÈMES D’OSSIAN.

Macpherson plutôt un poétique compilateur qu’un traducteur fidèle. L’œuvre ossianique est pour nous quelque chose de semblable à ces antiques édifices que les années ont entamés dans leurs parties les plus vulnérables, mais qu’elles ont respectés dans leurs vastes proportions, et dont les magnifiques débris, chargés de lierre et de vétusté, dominent encore le passé.

Les limites voulues d’une notice ne nous permettent pas d’entrer dans de plus grands détails : le lecteur trouvera peut-être que nous n’avons point suffisamment éclairé son jugement ; peut-être aussi trouvera-t-il que nous n’avons pas épargné à sa patience une aride nomenclature ; dans ce dernier cas notre excuse serait l’importance même du sujet. Quelle plus curieuse étude en effet que celle de l’origine d’une poésie qui a si puissamment agi sur toute l’Europe, qui a éveillé de si vivaces admirations dans tous les rangs de la société moderne ? Toutes les littératures du dernier siècle se souviennent de cette muse mélancolique qui, venue du nord, a laissé partout des traces de son passage. Goethe et Napoléon étaient des admirateurs enthousiastes d’Ossian : l’un en faisait le compagnon de ses victoires ; l’autre l’ami, le confident, le conso-