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DE L’AUTHENTICITÉ

qu’il n’en reste des traces dans les montagnes de l’Écosse. La tradition y parle sans cesse de l’aveugle Ossian ; Ossian dall ; elle se souvient de Fingal et des exploits de ses guerriers ; elle compare encore les jeunes épousées à la belle Agandecca la fille de la neige.

On ne peut nier que la langue gallique, encore parlée dans quelques parties de l’Irlande et de l’Écosse, n’ait possédé une sorte de littérature populaire, conservée aux 15e et 16e siècles, puisque Buchanan lui-même en fait mention :

Carmina autem non inculta fundunt, quæ rhapsodi proceribus, aut vulgo audiendi cupido recitant, aut ad musicos organorum modos canunt.

Peut-on supposer qu’un juge tel que Buchanan, d’une érudition si vaste, d’un goût si éclairé, si nourri des lettres grecques et latines, peut-on supposer qu’un tel juge eût loué les chants (carmina non inculta) des anciens bardes écossais, s’il ne les eût trouvés dignes de ses éloges ? Si des poèmes existaient de son temps, si la mémoire du peuple les avait retenus, s’ils étaient récités par les rhapsodes du 16e siècle, nous ne voyons pas d’impossibilité à ce que la tradition les ait conser-