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deront le ciel avec crainte, car mes pas seront dans les nuages et les ténèbres rouleront à mes côtés.

Conduis, fils d’Alpin, conduis le vieillard dans ses bois. Les vents commencent à s’élever ; la vague sombre du lac retentit. N’est-il pas un arbre qui sur Mora s’incline avec ses branches nues ? Fils d’Alpin, il s’incline sous le vent qui frémit. Ma harpe est suspendue à une branche flétrie ; le son des cordes en est plein de tristesse. Est-ce le vent qui te touche, harpe ! ou est-ce quelque ombre qui passe ? C’est la main de Malvina. Apporte-moi la harpe, fils d’Alpin. Un autre chant va s’élever ; mon âme s’envolera avec ses sons, et mes pères les entendront dans leur salle aérienne. Leurs faces obscures s’inclineront avec joie du haut de leurs nuages, et leurs mains recevront leur fils. Un vieux chêne se penche sur le torrent ; il soupire avec toute sa mousse. Les genêts flétris sifflent auprès et se mêlent, en se balançant, aux blancs cheveux d’Ossian.

« Frappe la harpe et commence les chants. Approchez, avec toutes vos ailes, ô brises ! Portez-en les sons plaintifs au palais aérien de Fingal. Portez-les au palais de Fingal, pour qu’il entende la voix de son fils ; la voix de celui qui glorifia le puissant !

« Le vent du nord ouvre tes portes, ô roi ! Je te vois assis sur le brouillard, brillant faiblement dans tes armes. Ta forme n’est plus maintenant la terreur du brave ; elle est semblable à un nuage pluvieux, quand on voit derrière lui les yeux en pleurs des étoiles. Ton bouclier, c’est la lune à son déclin ; ton épée, une vapeur à demi enflammée. Obscur et faible est le chef qui jadis marchait dans la splendeur ! Mais tes pas sont sur le vent du désert et les noires tempêtes s’amassent dans ta main. Dans ton courroux tu prends le soleil et le caches dans tes nuages. Les fils des faibles sont épouvantés, et mille