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son palais quand s’éveilla l’orgueil d’Uthal. Nous fûmes exaltés en présence de Larthmor ; il bénit les chefs de Morven. Il ne savait pas que son fils, le majestueux et puissant Uthal, fût dans la poussière. On lui dit qu’il s’était retiré dans les bois, avec les larmes de la tristesse ; on le lui dit, mais Uthal était muet dans sa tombe sur la bruyère de Rothma !

Le quatrième jour nous ouvrîmes nos voiles au rugissement des vents du nord. Larthmor vint jusqu’au rivage : ses bardes chantaient ; la joie du roi était grande, il contemplait la sombre bruyère de Rothma. Il voit la tombe de son fils ; le souvenir d’Uthal se réveille : « Lequel de mes héros est couché là ? dit-il ; il semble avoir été de la race des rois. Était-il célèbre dans mon palais avant que l’orgueil d’Uthal se levât contre moi ? Vous êtes silencieux, enfants de Berrathon ! le roi des héros est-il donc tombé ? Mon cœur se fond pour toi, ô Uthal ! quoique ta main se soit levée contre ton père ! Ô que ne suis-je resté dans ma caverne ! mon fils habiterait encore Finthormo ! J’entendrais le bruit de ses pas, à la chasse du sanglier ; j’entendrais sa voix sur le vent de ma caverne. Mon âme alors eût été joyeuse ; mais les ténèbres maintenant vont habiter ma demeure ! »

Tels furent mes hauts faits, fils d’Alpin, quand le bras de ma jeunesse était fort ; tels furent les hauts faits de Toscar, le fils puissant de Conloch. Mais Toscar est maintenant sur son nuage errant. Je suis seul à Lutha. Ma voix est comme le dernier murmure de la brise quand elle abandonne les bois. Mais Ossian ne sera pas longtemps seul. Il voit le brouillard qui doit recevoir son ombre ; il voit le brouillard qui doit former sa robe, quand il apparaîtra sur ses collines. Les fils des hommes faibles me verront et ils admireront la stature des chefs du passé ; ils ramperont vers leurs cavernes, ils regar-