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DE L’AUTHENTICITÉ

ordre ennemi de sa race et de son hérédité au pouvoir. Le silence du barde avait encore d’autres motifs qu’on s’explique difficilement quand on est étranger aux mœurs guerrières des anciens poètes écossais. Ils portaient jusqu’à l’extravagance le point d’honneur martial. Un secours dans un combat, de quelque côté qu’il vint, portait atteinte à la réputation d’un héros ; et les bardes lui refusaient la gloire du triomphe pour la transmettre à celui


    dans l’ordre des Druides. Les préceptes de leur religion n’étant plus connus que d’un petit nombre d’individus, furent négligés et bientôt oubliés par le reste du peuple. Le Vergobrète fut choisi sans leur concours et continué contre leur volonté. Ce pouvoir continuel affermit tellement son autorité parmi les tribus, qu’il put léguer à sa postérité, comme héréditaire, un pouvoir qu’il n’avait reçu que par élection.

    À l’occasion d’une nouvelle guerre contre le roi du monde (nom emphatique que la tradition donne aux empereurs romains), les Druides, revendiquant les droits de leur ordre, voulurent choisir eux-mêmes le chef suprême. Garmal, fils de Tarno, fut député vers Trenmor qui était alors Vergobrète, pour le sommer au nom de tout leur ordre, de se démettre de sa dignité. Le refus de Trenmor alluma une guerre civile qui se termina bientôt par l’extinction totale des Druides. La destruction des prêtres fut suivie d’un mépris général pour leur religion. L’autorité du Vergobrète qui jusque-là n’avait été qu’élective et temporaire, devint perpétuelle et héréditaire et le nom de Vergobrète fut changé en celui de roi.

    (Tiré de Macpherson).