Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/397

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blanche main a-t-elle levé l’épée ! Pourquoi m’as-tu abandonnée, roi de la haute Finthormo ? »

Les larmes jaillirent de mes yeux quand j’entendis la voix de la jeune fille. Je me présentai devant elle dans mes armes et je lui dis les paroles de la paix. « Douce habitante de la caverne, quel soupir est dans ton sein ? Ossian, en ta présence, lèvera-t-il son épée, destruction de tes ennemis ? Lève-toi, fille de Tor-thoma. J’ai entendu les paroles de ta douleur. Autour de toi est la race de Morven, qui n’a jamais insulté au faible. Viens, ô toi, plus brillante que la lune à son couchant ; viens sur notre navire au noir poitrail. Notre course est vers les rochers de Berrathon, vers les retentissantes murailles de Finthormo. » Elle vint dans sa beauté ; elle vint dans toute la grâce de ses pas. Une joie silencieuse brillait sur son visage ; ainsi, lorsque les ombres s’envolent des plaines du printemps, le ruisseau bleu coule avec plus d’éclat et le buisson vert se penche sur son cours.

Le matin se leva avec tous ses rayons. Nous entrâmes dans la baie de Rothma. Un sanglier s’élançait hors du bois ; ma lance lui perce le flanc, il tombe. Je me réjouis de son sang et je prévois l’accroissement de ma gloire. Mais déjà, de la haute Finthormo le bruit de la suite d’Uthal arrive jusqu’à nous. Ils se répandent sur la bruyère pour chasser le sanglier. Lui-même, il s’avance lentement, dans l’orgueil de sa force. Il lève deux lances aiguës ; à son côté pend l’épée du héros. Trois jeunes guerriers portent ses arcs polis : cinq chiens bondissent devant lui. Ses héros le suivent à distance admirant la démarche de leur roi. Majestueux était le fils de Larthmor ; mais son âme était sombre ! sombre comme la face troublée de la lune, quand elle prédit les tempêtes.

Nous nous levâmes sur la bruyère devant le roi. Il