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leur front l’épine balance sa verte tête et que sur leurs cimes se montrent les chevreuils.

Dans sa caverne couverte de mousse, le corps du vieux Clonmal est incline par l’âge. Les yeux du barde ont perdu la lumière. Il s’appuie sur son bâton. Devant lui, brillante sous sa chevelure, Sul-malla écoutait ses récits ; les récits des rois d’Atha, dans les jours du passé. Le bruit du combat n’arrive plus à son oreille : il s’arrête et pousse un soupir secret. Les esprits des morts, dit-on, éclairaient souvent son âme. Il vit le roi d’Atha étendu sous un arbre incliné.

« Pourquoi es-tu sombre ? lui dit la jeune fille. Le bruit des armes a cessé. Bientôt, traversant ton sinueux torrent, il reviendra à ta caverne. Le soleil regarde du haut des rochers du couchant. Les brouillards du lac s’élèvent : gris, ils s’étendent sur cette colline de roseaux, la demeure des chevreuils. Mon roi va sortir de ces brouillards. Le voici ! il vient dans ses armes. Viens à la caverne de Clonmal, viens, ô mon plus aimé ! »

C’était l’esprit de Cathmor, majestueux et brillant fantôme, s’avançant a pas lents. Il disparut près d’un torrent profond qui rugissait entre deux collines. — « Ce n’est, dit-elle, qu’un chasseur qui cherchait le lit du chevreuil. Il n’est pas sorti pour combattre, et son épouse l’attend avec la nuit. En sifflant il reviendra chargé des dépouilles de la biche au poil fauve. » Sul-malla tourne les yeux vers la colline : la forme majestueuse semble encore en descendre. Elle se lève au milieu de sa joie. Le spectre rentre dans les brouillards ; ses membres de vapeur s’évanouissent par degrés et se mêlent aux vents de la montagne. Elle comprit alors que Cathmor a péri. — « Tu n’es donc plus, ô roi d’Érin ! » — Qu’Ossian oublie la douleur de Sul-malla ; elle désole l’âme du vieillard !