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pas de l’étranger qui se rendait à la salle de mes fêtes. La joie, comme une flamme, se levait dans mon sein, et je bénissais l’écho du rocher. Que ce soit ma sombre demeure, dans ma verte vallée ! De là, je monterai sur la brise qui poursuit la barbe des chardons ; ou, du sein des brumes errantes, je regarderai couler les ondes bleues d’Atha. »

« Pourquoi le roi parle-t-il du tombeau ? Ossian ! le guerrier n’est plus ! Que la joie, comme un fleuve, aille au-devant de ton âme, ô Cathmor, ami des étrangers ! Mon fils, j’entends l’appel des années : elles saisissent ma lance et semblent me dire en passant : « Pourquoi Fingal ne se repose-t-il pas dans son palais ? Te plais-tu toujours dans le sang et dans les pleurs de l’affligé ? Non ! sombres années, Fingal ne se plaît point dans le sang. Les pleurs sont des torrents d’hiver qui désolent mon âme. Mais quand je veux me livrer au repos, arrive la voix puissante de la guerre : elle me réveille dans mon palais et me rappelle sous les armes. Mais elle ne m’y rappellera plus ! Ossian, prends la lance de ton père. Lève-la dans les combats, quand l’orgueilleux se présentera devant toi. Ossian, mes pères ont guidé mes pas et mes actions sont agréables à leurs yeux. Partout où j’avance pour combattre, je vois descendre sur la plaine leurs colonnes de brouillard. Mais mon bras a délivré le faible, et le superbe a senti que ma fureur était une flamme. Jamais sur le vaincu mon œil ne s’est réjoui. Aussi, mes aïeux viendront me recevoir aux portes de leurs palais aériens, majestueux dans leurs robes de lumière et les yeux brillants d’une douce tendresse. Mais ils sont pour le guerrier superbe, comme la lune obscurcie dans les cieux, qui illumine sa face rouge des feux errants de la nuit. »

« Père des héros, Trenmor, habitant des tourbillons de vent, je remets ta lance à Ossian : que ton