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précipitai sur les pas d’Alnecma. L’ennemi roule devant moi comme un tourbillon de fumée.

Le soleil sort de son nuage : les cent torrents de Moi-lena brillent. Les bleues colonnes de vapeurs s’élèvent lentement le long de la colline étincelante.

Où sont les rois puissants ? Ils ne sont ni près de ce torrent, ni près de cette forêt ! J’entends le cliquetis des armes. Ils combattent dans ce brouillard. Telle est la lutte des esprits dans un nuage nocturne, quand ils se disputent l’empire des vents d’hiver et le roulis des vagues écumantes.

J’accours. La brume grise s’élève. Majestueux et rayonnants ils se tenaient sur les rives du Lubar. Cathmor s’appuyait contre un rocher, et son bouclier à demi détaché recevait l’eau qui tombait de la mousse du rocher. Vers lui s’avance Fingal : il voit le sang du héros ; son épée tombe lentement à son côté ; sombre dans sa joie, il parle :

« Le fils de Borbar-duthul se rend-il ou lève-t-il encore la lance ? Ton nom est connu dans Atha, la verte demeure des étrangers. Il est venu, comme la brise des déserts, à l’oreille de Fingal. Viens à ma colline des fêtes : le puissant succombe quelquefois. Je ne suis point un feu qui dévore l’ennemi terrassé et je ne me réjouis point de la chute du brave. Il m’appartient de fermer les blessures ; je connais les herbes des montagnes : sur les cimes j’ai cueilli leurs têtes fleuries, lorsqu’elles se balançaient sur les rives des torrents solitaires. Mais tu es sombre et silencieux, ô roi d’Atha, ami des étrangers ! »

« Près du torrent d’Atha, répondit Cathmor, s’élève un rocher couvert de mousse. Sur sa tête est l’ondoiement des rameaux, sous la course des vents. Sombre, dans ses flancs, est une caverne où coule un ruisseau bruyant. De là j’ai souvent entendu les