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est sur les montagnes retentissantes ; enlevés par les vents, les bois déracinés tombent dans l’abîme au milieu des sentiers écumants des baleines : ainsi se confondent les armées ! Maintenant c’est Fingal ; maintenant c’est Cathmor qui s’avance ! La sombre tourmente de la mort est devant eux ! L’acier brisé roide en éclats sous leurs pas, et ces rois impétueux abattent à grand bruit les rangs des boucliers. Sous les coups de Fingal Maronnan tombe étendu à travers un torrent ; les ondes s’amoncellent à ses côtés et jaillissent écumantes au-dessus de son bouclier. Clonar est percé par Cathmor, mais le chef n’est point renversé, un chêne, dans sa chute, l’arrête par les cheveux. Son casque roule sur la terre, son large bouclier reste suspendu à sa courroie et ruisselle de son sang. Tla-min pleurera dans sa demeure et frappera son sein gonflé de soupirs !

Ossian, à l’une des ailes de l’armée, n’oubliait point sa lance. De morts il jonchait la plaine. Le jeune Hidalla se présente. — « Douce voix des rives de Clonar, pourquoi lèves-tu le glaive ? Pourquoi ne nous sommes-nous pas rencontrés à la lutte des chants, dans ta vallée des roseaux ! » Malthos le voit tomber, et plus sombre encore se précipite au combat. Des deux côtés du torrent nous nous plongeons dans une lutte terrible. Le ciel roule et s’abaisse ! les voix des vents impétueux éclatent autour de nous. Les montagnes, par instants, sont revêtues de feu. Le tonnerre roule dans le sein des nuages. L’ennemi recule dans les ténèbres ; les guerriers de Morven s’arrêtent éperdus. Cependant, je me penche sur le torrent et le vent siffle dans mes cheveux.

Alors s’élèvent la voix de Fingal et le bruit des ennemis en fuite. De temps en temps, à la lueur des éclairs, je voyais le roi marcher sombrement dans sa puissance. Je frappai mon bouclier sonore et me