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lante sur le genêt flétri étincelle la lance du héros, À cette vue la douleur troubIa l’âme du roi, comme les tourbillons sur un lac en obscurcissent les ondes. Soudain il détourne ses pas et s’appuie sur sa lance inclinée. Bran, à la bIanche poitrine, vient en bondissant de joie au devant des pas connus de Fingal. Il vient, mais il tourne les yeux vers la caverne où repose le chasseur aux yeux bleus ; car il avait coutume d’aller, avec le jour, au lit de rosée du chevreuil. Ce fut alors que coulèrent les larmes du roi, et son âme était sombre. Mais comme le vent qui s’élève, dissipe les pluies d’orage et découvre au soleil les torrents qui blanchissent et les hautes collines aux têtes de verdure ; ainsi le retour de la guerre fait briller l’âme de Fingal. Appuyé sur sa lance il franchit le Lubar et frappe son bouclier sonore. Tous les rangs de son armée s’avancent en même temps avec leurs lances aiguës.

Érin entend leur bruit sans crainte et ses vastes flots descendent et roulent dans la plaine. Le sombre Malthos, à l’une des ailes de l’armée, fronce ses épais sourcils et regarde l’ennemi. Près de lui est Hidalla, ce rayon de lumière ! Vient ensuite le farouche Maronnan aux obliques regards. Cronar au bleu bouclier lève la lance et Cormar livre à la brise son épaisse chevelure. Lentement, de derrière un rocher, s’élève la forme brillante d’Atha. D’abord apparaissent ses deux lances aiguës, ensuite la moitié de son bouclier luisant, semblable au lever d’un météore nocturne sur la vallée des fantômes. Mais quand il parut dans tout son éclat, les armées en même temps se plongèrent dans le combat. Les flots étincelants des lances ondoient de chaque côté.

Quand deux mers agitées, qui sentent les ailes des vents opposés, roulent toutes leurs vagues et se heurtent dans le détroit de Lumon aux flancs hérissés de rochers ; la course obscure des fantômes