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ni[1], le descendant de Duthno[2], et le barde de Cona[3]. Nous nous tenions à l’écart, chacun sous notre arbre : nous évitions les yeux du roi ; nous n’avions pas triomphé dans le combat. Un ruisseau coulait à mes pieds ; de ma lance je touchais ses ondes légères ; je les touchais de ma lance, mais l’âme d’Ossian était ailleurs ; sombre, elle s’élevait de pensée en pensée et soupirait profondément.

« Fils de Morni, dit le roi, et toi, Dermid, chasseur des chevreuils, pourquoi restez-vous sombres, ainsi que deux rochers d’où l’eau tombe et ruisselle ? Nulle colère ne s’amasse sur mon âme contre les chefs des hommes. Vous êtes ma force dans le combat et ma joie dans la paix. Ma voix était, le matin, une brise agréable à vos oreilles, lorsque Fillan préparait son arc ; mais le fils de Fingal n’est point ici ; ce n’est pas non plus une chasse aux chevreuils bondissants ! Mais pourquoi, tristes et sombres, les briseurs de boucliers se tiennent-ils loin de moi ? » Majestueux, ils s’avancèrent vers le roi ; ils le virent tourné vers le vent du Mora, et ses larmes coulaient pour son fils aux yeux bleus qui dormait dans la caverne des torrents ; mais, offrant à leurs yeux un visage serein, il parla ainsi aux rois aux larges boucliers :

« Crommal aux rochers verdoyants, à la cime brumeuse, le séjour des vents, verse devant nous le bleu et bruyant torrent de Lubar. Derrière cette montagne le Lavath roule ses eaux claires et si nueuses dans la tranquille vallée des chevreuils. Dans un rocher est une caverne sombre : au-dessus habitent les aigles aux fortes ailes ; à l’entrée, les larges têtes des chênes gémissent aux vents de Clu-

  1. Gaul.
  2. Dermid.
  3. Ossian.