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Cathmor apparaît à Sul-malla, dans la vallée de Lona. Sa douleur. Le soir vient. Une fête est préparée. L’arrivée de Ferad-artho est annoncée par les chants de cent bardes. Le poème finit par un discours de Fingal.


Quand les vents d’hiver ont saisi les ondes du lac de la montagne, quand ils les ont saisies dans une nuit d’orage et les ont revêtues de glace ; blanches à l’œil matinal du chasseur, les vagues semblent encore rouler : il incline l’oreille vers le bruit de chaque vague inégale ; mais chacune d’elles est muette, étincelante et jonchée de branches et de touffes de gazon qui, sur ce fond glacé, se balancent et sifflent au vent. Ainsi brillaient aux rayons du matin les rangs immobiles de l’armée de Morven, tandis que chaque guerrier, de dessous son casque, levait les yeux vers la colline du roi ; la nuageuse colline où Fingal marchait au milieu des brouillards. De temps en temps, dans toutes ses armes, on apercevait la forme agrandie et obscure de ce héros. De pensée en pensée, la bataille se déroulait devant son âme puissante.

Maintenant voici venir le roi ! D’abord on aperçoit l’épée de Luno ; ensuite la lance, sortant à moitié d’un nuage, et enfin le bouclier, encore obscur dans le brouillard. Mais quand du sein des brumes le roi sortit à pas majestueux, ses cheveux blancs et humides de rosée flottant sur le vent ; alors s’élevèrent les cris de son armée et chaque tribu se mit en mouvement. Rayonnants et couverts de leurs boucliers sonores, ils se pressent autour de lui. Ainsi s’élèvent les ondes vertes de la mer autour d’un esprit qui descend du tourbillon des vents. De loin le voyageur entend le bruit ; il lève la tête sur le rocher et promène ses regards sur la baie agitée ; il croit voir confusément le fantôme autour duquel se jouent lourdement les vagues aux vastes dos d’écume.

Dans l’éloignement se tenaient le fils de Mor-