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à des colonnes de brouillard que les vents répandent en automne sur les forêts d’Atha.

« Au son des harpes, Larthon éleva le palais de Samla. Il chassa les chevreuils d’Érin aux bords de leurs torrents accoutumés ; mais il n’oublia point Lumon à la tête verdoyante. Souvent il bondissait sur ces mers que Flathal aux blanches mains regardait de la montagne des chevreuils. Lumon aux torrents écumeux, tu te lèves sur l’âme de Fonar ! »

De l’Est se répand la lumière : les montagnes lèvent leurs têtes brumeuses et les vallées montrent de toutes parts le cours sinueux de leurs ruisseaux. Les guerriers de Cathmor entendirent son bouclier : autour de lui ils se lèvent tous ensemble comme la foule des vagues, quand elles commencent à sentir les ailes des vents : ces vagues ne savent point où elles doivent rouler, mais elles lèvent leurs têtes agitées.

Triste et lente, Sul-malla se retire vers Lona des torrents. Elle s’éloigne et souvent se retourne : ses yeux bleus roulent dans les larmes. Mais quand elle parvint au noir rocher qui couvre de son ombre la vallée de Lona, dans l’émotion de son âme elle regarda le roi et disparut aussitôt derrière le rocher.

Frappe tes cordes, fils d’Alpin, et s’il est quelque joie dans la harpe, verse-la dans l’âme d’Ossian ! elle est enveloppée de brouillards. Dans ma nuit, ô barde, je t’entends ! mais interromps tes sons légers et tremblants. Au milieu de ses obscures années, Ossian n’a d’autre joie que la joie de la tristesse !

De la colline des fantômes, ô verte épine qui balances ta tête aux vents de la nuit, je n’entends aucun bruit dans tes rameaux ! N’est-il point quelque esprit dont la robe aérienne frémisse dans tes feuilles ? On voit souvent les morts dans les noirs tourbil-