Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tourne vers Cathmor son visage que voilent ses cheveux ondoyants : « L’aigle du ciel serait plutôt détourné de sa course à travers les vents impétueux, quand il voit devant lui sa proie, le jeune fils de la biche bondissante, que toi, ô Cathmor, tu ne serais détourné d’une lutte glorieuse ! Puisse-je, ô guerrier, te voir bientôt sortir du sein des brouillards du soir, quand ils flotteront autour de moi, sur Lona des torrents. Mais pendant que tu seras loin de moi, frappe, ô Cathmor, frappe sur ton bouclier pour que la joie revienne à mon âme assombrie, tandis que je m’appuierai sur la mousse du rocher. Mais si tu succombais ! Je suis sur la terre des étrangers ! Oh ! du sein de ton nuage, fais entendre ta voix à la fille d’Inis-huna ! »

« Jeune branche de Lumon à la tête verdoyante, pourquoi trembles-tu dans la tempête ? Cathmor est souvent revenu des flots sombres de la guerre. Les traits de la mort sont pour moi comme la grêle ; souvent ils ont rebondi contre mon bouclier. Radieux, je suis sorti des combats, comme un météore, d’un nuage orageux. Astre charmant, ne quitte point ta vallée, quand grandira le rugissement de la bataille ; l’ennemi pourrait alors m’échapper, comme autrefois il échappa à mes pères. »

« On apprit à Son-mor que Clunar avait été tué dans un combat par Cormac. Son-mor pleura trois jours sur la mort de son frère. Son épouse, voyant le roi silencieux, prévit qu’il marcherait au combat. Elle prépara son arc en secret pour suivre son héros au bouclier bleu. Pour elle, les ténèbres habitaient dans Atha, quand son roi n’y était pas. De leurs cent torrents descendirent pendant la nuit les enfants d’Alnecma. Ils avaient entendu le bouclier du roi et leur rage s’était éveillée. Dans leurs armes retentissantes ils marchèrent vers les forêts d’Ullin. Son-mor, le chef de l’armée, de temps à autre, frappait