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« Pourquoi, dit le roi, te mêles-tu aux songes de ton père ? Puis-je t’oublier, mon fils, puis-je oublier ta course de feu dans le champ de bataille ? Non, les actions des braves ne passent point ainsi sur l’âme de Fingal. Elles n’y brillent point comme l’éclair qui se montre et n’est plus. Je me souviens de toi, Fillan, et mon courroux commence à s’enflammer. »

Le roi prit sa lance meurtrière et frappât son bouclier retentissant, ce bouclier suspendu dans les ténèbres, ce funeste signal du combat. Les fantômes fuient de tous côtés et roulent sur les vents leurs formes ramassées. Trois fois, de la vallée qui serpente, s’élèvent les voix de la mort. Les harpes des bardes, sans être touchées, résonnent tristement sur la colline.

Le roi frappe de nouveau son bouclier, et les combats se lèvent dans les songes de ses guerriers. La bataille aux vastes flots brille dans leurs âmes ; des rois aux boucliers bleus descendent au combat ; des armées fuient en regardant derrière, et de glorieuses actions sont à moitié cachées par l’éblouissant éclat de l’acier.

Mais quand le bouclier retentit pour la troisième fois, les chevreuils s’élancèrent des fentes de leurs rochers ; les oiseaux remplirent le désert de leurs cris aigus et s’envolèrent effrayés sur les vents. Les enfants de Selma s’éveillent à demi et saisissent à moitié leurs lances. Mais le silence se répand de nouveau sur l’armée : elle a reconnu le bouclier du roi ; le sommeil revient sur ses yeux, et la plaine est sombre et tranquille.

Le sommeil, dans cette nuit obscure, n’était point descendu sur tes yeux bleus, ô fille de Conmor ! Sul-malla entend le bouclier terrible et se lève au milieu de la nuit. Ses pas sont vers le roi d’Atha. « Le danger, dit-elle, peut-il ébranler son âme au-