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à se retirer dans la vallée voisine de Lona, où demeurait un vieux druide, jusqu’à la fin de la bataille qui devait se livrer le lendemain. Il réveille son armée en frappant sur son bouclier. Description de ce bouclier. Le barde Fonar, à la demande de Cathmor, raconte le premier établissement des Fir-bolgs en Irlande, sous leur chef Larthon. Le jour vient. Sul-malla se retire dans la vallée de Lona. Un chant lyrique termine ce livre.


Des ondes du Leffo, qu’environnent les bois, s’élèvent de temps à autre d’épais et gris brouillards, lorsque les portes de l’Occident sont fermées sur l’œil d’aigle du soleil. Au loin, sur le torrent de Lara, se répand la sombre et profonde vapeur, et la lune, comme un obscur bouclier, nage à travers ses plis. Les esprits des vieux jours revêtent de cette vapeur leurs gestes subits sur les vents, lorsqu’ils marchent, de tourbillon en tourbillon, le long de la brumeuse nuit. Souvent, confondus avec les vents, sur la tombe de quelque guerrier, ils roulent le brouillard, gris séjour de son ombre, jusqu’à ce que les bardes aient chanté pour lui.

Un bruit vint du désert : c’était Conar, roi d’Inis-fail. Il roula son brouillard sur la tombe de Fillan, près des eaux bleues et sinueuses du Lubar. Triste et sombre, le fantôme était assis sur son gris nuage de fumée ; le vent quelquefois le roulait sur lui-même, mais l’ombre reparaissait de nouveau ; elle reparaissait, les yeux baissés, dans le sombre ondoiement de sa chevelure de vapeur.

Il faisait noir. Les armées endormies reposaient tranquilles dans les voiles de la nuit. La flamme s’éteignait sur la colline où, seul, Fingal reposait sur son bouclier. Ses yeux étaient à demi fermés par le sommeil. La voix de Fillan arrive : « L’époux de Clatho dort-il ? Le père du vaincu habite-t-il le repos ? suis-je oublié dans le sein des ténèbres, abandonné dans la saison de la nuit ? »