Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

revêt de vapeurs ses gestes sauvages, et que, s’élançant sur l’Océan trouble, il monte sur le char des vents.

Érin, Océan de guerre, ne s’était point encore remis de la tempête. Ses flots de guerriers brillaient à la clarté de la lune, et, murmurant sourdement, roulaient encore sur la plaine. Seul, Cathmor les devançait sur la bruyère : il poursuivait la fuite de l’armée de Morven. Il arrive à la caverne où Fillan, dans l’obscurité, était couché sur la mousse. Un arbre se penchait au-dessus du torrent qui étincelait sur le rocher. Sur la rive brillait aux rayons de la lune le bouclier brisé du fils de Clatho ; et tout auprès, sur l’herbe, reposait Bran aux pieds velus. Il n’avait point trouvé le chef sur la colline de Mora et l’avait cherché, guidé par le vent. Il croyait que le chasseur aux yeux bleus dormait ; il s’était couché sur son bouclier. Nulle brise ne soufflait sur la bruyère, qui ne fût connue du rapide Bran.

Cathmor vit le chien à la blanche poitrine ; il vit le bouclier brisé. La tristesse descendit sur son âme ; il se rappela la chute des guerriers. — « Ils viennent et passent comme les torrents ; une autre génération leur succède. Mais quelques-uns en passant, de leurs noms glorieux, marquent les champs de la guerre. La plaine leur appartient pendant le cours des noires années, et quelque bleu torrent y roule ses ondes à leur gloire. Puisse le chef d’Atha être de ce nombre quand il sera étendu sur la terre ! Puisse souvent la voix des temps futurs rencontrer Cathmor dans les airs, quand il marchera d’un vent sur l’autre vent, ou qu’il se cachera sous l’aile de la tempête ? »

Les enfants de la verte Érin se rassemblent autour du roi pour entendre la voix de sa puissance. À distances inégales ils inclinent leurs visages joyeux vers la lumière du chêne. Les terribles ont été repoussés