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à leur place ; son bouclier est sanglant dans son palais. — « Es-tu tombé, ô mon fils à la blonde chevelure, dans la funeste guerre d’Érin ? »

Lorsqu’une biche, blessée secrètement, se couche pantelante aux bords de ses ruisseaux accoutumés, le chasseur examine ses pieds légers comme le vent et se rappelle son agilité fière et bondissante naguère : ainsi, sous les yeux de Fillan, repose étendu le fils de Cul-allin : ses cheveux roulent dans un faible torrent, son sang ruisselle sur son bouclier, et sa main tient encore l’épée qui l’a trahi au milieu du danger. — « Tu es tombé, dit Fillan, avant que ta gloire fut connue ! Ton père t’envoya à la guerre ; il s’attend à entendre parler de tes exploits : vieux peut-être il se tient aux bords de ses torrents, et ses yeux se tournent vers Moi-lena ; mais tu ne reviendras pas avec les dépouilles de l’ennemi vaincu. »

Devant lui, Fillan chassait Érin qui fuyait sur la plaine retentissante. Mais homme sur homme, les guerriers de Morven tombent devant la sombre et sanglante fureur de Foldath, qui répandait sur le champ de bataille le rugissement de la moitié de ses tribus. Dermid en courroux s’arrête devant lui, et les enfants de Selma se rassemblent autour de leur chef ; mais son bouclier est fendu par Foldath, et son peuple s’enfuit sur la bruyère.

Enfin, dit l’ennemi dans son orgueil, ils ont fui ! ma gloire commence ! Va, Malthos, va dire à Cathmor de garder les bords de l’Océan, pour que Fingal n’échappe point à mon épée. Il faut qu’il soit couché sur la terre ! Près de quelque marais on verra sa tombe ; elle s’élèvera sans un chant funè-

    leurs maîtres, lors même qu’elle avait lieu à une très-grande distance de l’endroit où ils se trouvaient. C’était aussi une des croyances de ces temps que les armes qu’avaient laissées les guerriers devenaient sanglantes quand ils succombaient dans un combat.