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moi toute autre pensée ! Je m’élance sur les ailes de l’aigle pour saisir le rayon de ma gloire. Dans la solitaire vallée des torrents habite l’âme du faible. Les années s’écoulent, les saisons reviennent, mais il reste toujours inconnu. Dans les vents la mort obscure arrive, et sur le sol couche sa tête blanchie. Son fantôme est roulé dans la vapeur des plaines marécageuses, et sa course n’est jamais sur les collines, ni sur la mousse des vallées de la brise. Cathmor ne partira point ainsi ! Ce n’était point un enfant de la plaine, qui ne remarque encore que le lit des chevreuils sur la montagne des échos. Je sortais avec les rois, et je me réjouissais sur les plaines sanglantes où les armées brisées étaient roulées devant moi, comme devant la tempête, les vagues de la mer ! »

Ainsi parlait le roi d’Alnecma, rayonnant dans le transport de son âme. La valeur, comme une flamme généreuse, étincelle dans son sein. Majestueuse est sa marche sur la bruyère ! Les rayons de l’orient se répandent de tous côtés. Sur la plaine il voit sa vaste armée étendant au loin ses rangs dans la lumière. Il s’en réjouit, comme un esprit du ciel qui s’avance sur les mers, lorsqu’il voit les flots paisibles autour de lui et que les vents se sont tous apaisés : mais l’esprit réveille bientôt les vagues et, larges, il les roule vers quelque côte retentissante.

Sur les rives herbeuses d’un torrent, dormait la fille d’Inis-huna. Le casque était tombé de sa tête et ses rêves étaient dans le pays de ses pères. Là, le jour est sur la plaine, les gris torrents bondissent du haut des rochers et les brises, en ondulations ombreuses, volent sur les roseaux des plaines. Là, s’entendent le bruit d’une chasse qui se prépare et le mouvement des guerriers qui sortent du palais. Mais, grand au-dessus d’eux se voit le héros d’Atha :