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tomber ces faibles paroles qui se mêlent au bruit du torrent : « Que la joie, ô Cathmor, vienne au devant de ton âme ! Ta voix s’est fait entendre sur Moi-lena et les bardes ont chanté pour Cairbar. Il chemine sur les vents. Mon ombre est au palais de mon père, semblable à l’éclat d’une lumière terrible qui, dans une nuit d’orage, s’élance à travers les déserts. Nul barde, quand tu seras couché sous la terre, ne manquera d’environner ta tombe, car les fils des chants aiment le brave ! Ton nom, Cathmor, est une brise agréable ! Des sons lugubres s’élèvent ! Il est une voix sur la plaine du Lubar ! Chantez plus haut encore, ô fantômes ténébreux ! Ce sont des morts qu’environnait la gloire ! Le faible son devient plus fort et plus perçant ! L’on n’entend plus qu’une brise plus aiguë ! Ah ! Cathmor bientôt ne sera plus ! »

L’ombre, à ces mots, roulée sur elle-même, s’envole au large sur les ailes des vents. Le vieux chêne ressent le mouvement de son départ et balance sa tête gémissante. Cathmor se réveille en sursaut et saisit sa lance meurtrière : il lève les yeux autour de lui, mais il ne voit que la nuit au manteau ténébreux.

« C’était la voix du roi, dit Cathmor, mais son fantôme a disparu. Votre vol à travers les airs, ne laisse point de traces, ô enfants de la nuit ! Souvent, comme un rayon réfléchi, on vous aperçoit sur le désert stérile ; mais avant que nos pas ne puissent vous approcher, vous vous retirez dans vos nuages. Fuyez donc, ô race débile ! La science de l’avenir ne réside point en vous ! Vos joies sont vaines et semblables aux rêves de notre sommeil, ou à la pensée aux ailes légères, qui vole à travers notre âme ! Cathmor sera-t-il bientôt à bas, couché dans la nuit de son étroite demeure où jamais ne vient l’aube aux paupières entrouvertes ! Loin de moi, Ombre vaine ! Combattre est mon partage : loin de