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le bras oisif ; mais Colc-ulla triompha sur la plaine, et, pareils aux brouillards dispersés, s’enfuirent les guerriers de Cormac.

« Alors Duth-caron et Connal au large bouclier lèvent leurs épées ; ils couvrent la retraite de leurs amis, semblables à deux rochers couronnés de sapins. La nuit descendit sur Duth-ula : les chefs en silence s’éloignèrent à grands pas sur la plaine. Un torrent des montagnes rugissait à travers le sentier ; Duth-caron ne pouvait le franchir. « Pourquoi s’arrête mon père, dit Connal ? J’entends venir l’ennemi. » — « Fuis, Connal, dit-il, la force de ton père commence à l’abandonner ; je reviens blessé du combat. Laisse-moi reposer ici pendant la nuit. » — « Mais tu ne resteras pas seul, reprit Connal avec un profond soupir. Mon bouclier est une aile d’aigle pour couvrir le roi de Dun-lora ! » Sombre, il se penche sur son père : le puissant Duth-caron expire.

« Le jour parut, la nuit revint et pas un barde, méditant profondément, ne parut sur la plaine. Connal pouvait-il abandonner la tombe de son père avant qu’il n’eût reçu sa renommée ! Il bande l’arc contre les cerfs de Duth-ula et prépare son repas solitaire. Sept nuits il posa sa tête sur la tombe de son père et le voyait dans ses rêves. Sombre, il le voyait roulant au sein d’un tourbillon, semblable à la vapeur des roseaux du Lego. Enfin arriva Colgan, le barde de la haute Témora. Duth-caron reçut sa renommée et resplendit en montant sur les vents. »

« Agréable à l’oreille, dit Fingal, est la louange des rois des hommes, quand leurs arcs sont redoutables dans les combats et qu’ils s’attendrissent à la vue de l’affligé. Que mon nom soit ainsi célébré quand les bardes éclaireront le vol de mon âme ! Carril, fils de Kinfena ! prends avec toi les bardes et érige une tombe. Que Connal entre cette nuit dans son étroite demeure, et que l’âme du brave n’erre point sur les