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ses regards autour de lui ; enfin, ses paroles se font entendre :

« Mon âme ressent une perte dans notre joie. Je vois un vide au milieu de mes amis. La tête d’un arbre est à bas. Les vents orageux se répandent dans Selma. Où est le chef de Dun-lora ? Connal au festin devrait-il être oublié ? Quand oublia-t-il l’étranger au sein de son palais ? Vous êtes silencieux en ma présence ! Connal n’est donc plus ! Que la joie, comme un fleuve de lumière, aille à ta rencontre, ô guerrier ! Que ta course vers tes pères soit rapide sur les vents mugissants ! Ossian, ton âme est de feu, rallume la mémoire du roi ! Rappelle les batailles de Connal, quand pour la première fois il brilla dans la guerre ! L’âge avait blanchi ses cheveux ; mais les jours de sa jeunesse se sont mêlés aux miens, et le même jour Duth-caron tendit nos premiers arcs contre les cerfs de Dun-lora. »

« Nombreuses, m’écriai-je, sont les traces de nos combats dans Érin, aux vallées verdoyantes ! Nos voiles se levèrent souvent sur les vagues bleues et agitées, lorsqu’aux jours du passé nous allions secourir la race de Conar.

« Jadis dans Alnecma la bataille rugissait près des torrents écumeux de Duth-ula. Avec Cormac, Duth-caron descendit pour combattre des collines de Morven. Mais Duth-caron n’en descendit pas seul : à ses côtés était son fils, le jeune Connal aux longs cheveux, levant la première de ses lances. Tu leur commandais, ô Fingal, de secourir le roi d’Érin !

« Semblables à la force impétueuse de l’Océan, les fils de Bolga se précipitèrent au combat. À leur tête était Colc-ulla, le chef d’Atha aux ondes bleues. La bataille s’engagea sur la plaine. Cormac brillait dans la mêlée, rayonnant comme les esprits de ses pères. Loin du reste de l’armée, Duth-caron abattait les ennemis. Près de son père, Connal ne restait point