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sang se mêle aux ondes du torrent, ô toi qui brisais les boucliers !

Dans son courroux, Ossian saisit sa lance. Mais Gaul se précipite sur Foldath. Le faible passe à ses côtés, mais toute sa fureur se tourne contre le chef de Moma. Déjà ils avaient levé leurs lances mortelles : une flèche arrive, invisible, et perce la main de Gaul. Son fer tombe et résonne sur la terre. Le jeune Fillan accourt avec le bouclier de Cormul ; large, il le place devant le roi. Foldath jette des cris au loin et rallume l’ardeur des combattants : ainsi le vent soulève la flamme aux larges ailes sur les bois retentissants de Lumon.

« Fils de Clatho aux yeux bleus, s’écria Gaul, ô Fillan, tu es un esprit du ciel, qui, descendant sur l’abîme agité, enchaîne les ailes de la tempête. Cormul est tombé devant toi. Tu as atteint de bonne heure à la gloire de tes pères ; mais ne t’avance pas trop, ô mon héros, je ne puis lever la lance pour te secourir. Dans les combats, je ne suis plus redoutable, mais ma voix retentira au loin ; les fils de Selma l’entendront et se souviendront de mes exploits passés ! »

Sa voix terrible s’élève sur les vents. Les guerriers s’élancent au combat. Souvent, à Strumon, ils l’avaient entendu lorsqu’il les appelait à la chasse des chevreuils. Il se tient, majestueux, au milieu de la mêlée, comme un chêne, au milieu d’un orage, qui tantôt s’enveloppe de brouillards et tantôt montre son ondoyante et large tête : le chasseur pensif dans la plaine des roseaux, lève les yeux et le contemple !

Mon âme te suit, ô Fillan, à travers le sentier de ta gloire ! Tu roules les ennemis devant toi. Foldath allait peut-être fuir, mais la nuit descendit avec tous ses nuages. Le cor de Cathmor se fait entendre sur la colline.