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çant du désert orageux, roule ensemble et la plaine et les bois qui la couvrent ! Crothar et lui combattent ; mais les guerriers d’Alnecma sont mis en fuite. Le roi d’Atha se retira lentement et la douleur dans l’âme. Depuis il brilla dans le midi, mais obscurci, comme le soleil d’automne quand il visite, dans sa robe de brouillards, les noirs torrents de Lara : l’herbe flétrie est couverte de rosée, et la campagne, quoique brillante, est triste. »

« Pourquoi, dit Cathmor, le barde évoque-t-il devant moi le souvenir de ceux qui ont fui ? Quelque fantôme, de son nuage obscur, s’est-il penché à ton oreille et t’a-t-il inspiré ces récits d’autrefois pour effrayer Cathmor et l’éloigner du champ de bataille ? Habitants des voiles de la nuit, pour moi votre voix n’est qu’un souffle qui emporte la tête des chardons et répand leurs barbes sur les torrents. Il est une voix dans mon sein ; les autres ne fentendent pas. L’âme du roi d’Érin lui défend d’éviter les combats. »

Confus, le barde se retire dans la nuit ; il s’éloigne et se penche sur un torrent. Ses pensées se reportent aux jours d’Atha, où Cathmor écoutait ses chants avec joie ; des larmes coulent de ses yeux, et les vents sifflent dans sa barbe.

Érin s’endort de toutes parts ; nul sommeil ne descend sur les yeux de Cathmor. Sombre, il vit dans son âme l’esprit de Cairbar : privé de son chant funèbre, il le vit qui roulait dans les vents de la nuit. Il se lève, il porte ses pas autour de l’armée et frappe de temps en temps sur son bouclier sonore. Le bruit parvint aux oreilles d’Ossian, sur la verte cime du Mora. — « Fillan, m’écriai-je, les ennemis s’avancent. J’entends le bouclier du combat. Reste dans cet étroit sentier. Ossian observera leur marche. Si, après ma chute, leur armée débordait dans la plaine, que ton bouclier se fasse entendre.