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bras blancs, car elle pensait au puissant Crothar dans la saison des rêves.

« Crothar fut trois jours en fêtes avec Cathmin ; le quatrième ils allèrent éveiller les chevreuils. Con-lama aux pas charmants les suivit à la chasse. Elle rencontra Crothar dans un étroit sentier. L’arc tombe tout à coup de sa main : elle se détourne, et dans ses cheveux cache à moitié son visage. Crothar s’éprit d’amour ; il amena dans Atha la blanche jeune fille. Les bardes chantèrent en sa présence, et la joie habita près de la fille de Cathmin.

« L’orgueil de Turloch s’enflamma ; ce jeune chef aimait Con-lama aux mains blanches. Il vint porter la guerre, dans Alnecma, à Atha des Chevreuils. Cormul, frère de Crothar, vint à sa rencontre ; il vint, mais il fut vaincu et son peuple en gémit. Superbe et silencieux, s’avance à travers le torrent le sombre et redoutable Crothar ; il roule les ennemis au delà d’Alnecma, et son retour remplit de joie la blanche Con-lama.

« La bataille succède à la bataille ; le sang est versé sur le sang ; les tombes des braves s’élèvent et les nuages d’Érin sont chargés de fantômes. Les chefs du midi s’assemblèrent autour du bouclier retentissant de Crothar. Il vole avec la mort sur les traces de l’ennemi. Les vierges pleuraient près des torrents d’Ullin ; elles regardaient le brouillard de la colline, mais nul chasseur n’en descendait. Le silence attristait le pays, et sur les vertes tombes soupiraient les brises solitaires.

« Semblable à l’aigle du ciel qui descend sur ses ailes bruyantes, lorsqu’avec joie il abandonne les vents, tel le fils de Trenmor, Conar, le bras de la mort, accourt des forêts de Morven. Il verse ses forces sur la verte Érin : derrière son épée marche sombrement la mort, et les fils de Bolga fuient devant ses pas, comme devant un torrent qui, s’élan-