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« Pourquoi, dit le roi, Foldath se plaît-il à verser la nuit le sang des ennemis ? À la clarté du jour, son bras est-il plus faible dans les combats ? Les ennemis devant nous ne sont point nombreux ; pourquoi nous envelopper dans les ténèbres ? Les braves aiment à briller quand ils combattent pour leur pays. Ton conseil était vain, chef de Moma ! Les yeux de Morven ne dorment point. Ils veillent, comme des aigles sur la mousse de leurs rochers. Que chacun rassemble, sous l’ombre de son bouclier, les forces de sa rugissante tribu. Demain, je marcherai dans la lumière, à la rencontre des ennemis de Bolga ! Puissant était celui qui est terrassé, le fils de Borbarduthul ! »

Mes pas jamais, reprit Foldath, n’ont passé devant ta race, sans être remarqués ! C’est dans la lumière que j’ai combattu les ennemis de Cairbar. Ce guerrier louait mes exploits… Mais sa tombe a été élevée sans une larme ! Nul barde n’a chanté sur le roi d’Érin, et ses ennemis s’en réjouiraient sur leurs vertes collines ! Non, ils ne s’en réjouiront pas ! Cairbar était l’ami de Foldath ! Nos paroles se mêlaient dans la silencieuse caverne de Moma, tandis qu’encore enfant, tu poursuivais sur la plaine les barbes des chardons. Je m’élancerai à la tête des enfants de Moma ; je trouverai l’ennemi sur ses sombres collines ; et dans sa tombe, sans être chanté, reposera Fingal, le roi aux cheveux blancs de Selma !

Penses-tu, faible mortel, reprit Cathmor, à moitié courroucé, penses-tu que Fingal, dans Érin, puisse tomber sans gloire ? Les bardes pourraient-ils rester silencieux sur la tombe du roi de Selma ? Leurs chants éclateraient à ton insu et réjouiraient l’ombre de ce guerrier ! C’est quand tu succomberas que les bardes oublieront leurs chants. Tu es sombre, chef de Moma, quoique ton bras soit une tempête dans