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pourquoi Conar, un enfant de Morven, règnerait-il sur nous ? »

« Leurs cent tribus s’avancent en rugissant semblables aux torrents du désert. Mais Conar est un roc devant eux : rompus et brisés ils roulaient de chaque côté. Mais ils revenaient sans cesse, et sans cesse tombaient les enfants de Selma. Le roi, debout au milieu des tombes de ses {guerriers, pencha tristement son visage consterné. Son âme se repliait sur elle-même ; il avait marqué la place où il devait tomber, quand, dans toute sa puissance, parut Trathal, son frère, venu de la nuageuse Morven. Et il ne vint pas seul ! Colgar était à ses côtés ; Colgar le fils du roi et de la blanche Solin-Corma.

« Tel que Trenmor, revêtu de météores, descend du palais du tonnerre, et, devant lui, verse les noires tempêtes sur l’Océan troublé, tel Colgar descend dans la mêlée et dévaste la plaine retentissante. Son père le contemplait avec orgueil : mais une flèche vint ! Sans une larme on éleva sa tombe. Le roi avait un fils à venger ; il s’élance au combat, repousse Bolga jusqu’à ses torrents, et l’ennemi se soumet.

« Quand la paix fut rendue au pays et que les vagues bleues de ses mers l’eurent porté à Morven, le roi alors se souvint de son fils et répandit des larmes silencieuses.

« Trois fois les bardes à la caverne de Furmono, appelèrent l’âme de Colgar ; trois fois ils l’appelèrent sur les collines de son pays. De son nuage le héros les entendit. Trathal plaça son épée dans la caverne pour que lame de son fils en pût être réjouie. »

Colgar, fils de Trathal, s’écria Fillan, tu fus célèbre dans ta jeunesse ! Mais Fingal n’a point vu mon épée briller au loin sur le champ de bataille. Je pars avec la foule et je reviens sans gloire. Mais les