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du généreux Cathmor ; ils sont assemblés sur cette bruyère. Mes pas s’approcheront-ils de leur armée ? Je n’ai cédé qu’au seul Oscar dans les courses de Cona ! »

« Tu ne dois point, Fillan, t’approcher de leur armée ni tomber avant que ta gloire ne soit connue. Mon nom est célébré dans les chants. J’avancerai quand il en sera temps. Retiré sous les voiles de la nuit, j’observerai leurs brillantes tribus. Mais pourquoi, Fillan, me parles-tu d’Oscar ? pourquoi réveiller mes soupirs ? Il me faut oublier le guerrier jusqu’à ce que la tempête soit passée. La tristesse ne doit pas rester dans le danger ni les pleurs dans l’œil de la guerre. Nos pères oubliaient la mort de leurs enfants, jusqu’à ce que le bruit des armes eût cessé. La douleur alors revenait à leurs tombes et les bardes faisaient entendre leurs chants. Le souvenir de ceux qui avaient péri succédait promptement au départ de la guerre. Lorsque s’est dissipé le tumulte des combats, l’âme en silence s’attendrit sur les morts.

« Conar était frère de Trathal le premier des mortels. Il avait combattu sur toutes les côtes. Mille torrents roulaient le sang de ses ennemis. Sa renommée comme une brise agréable, remplissait la verdoyante Érin. Les nations se rassemblaient dans Ullin et bénissaient le roi ; le roi de leurs ancêtres, venu de la terre de Selma.

« Les chefs orgueilleux du midi s’étaient rassemblés : dans l’horrible caverne de Moma ils échangèrent de secrètes paroles. Là, disait-on, apparaissaient souvent les ombres de leurs pères, montrant leurs pâles fantômes dans les fentes des rochers et leur rappelant l’honneur de Bolga. « Pourquoi, disaient-ils.

    le nom de Bolga, des Fir-bolg ou Belges Bretons qui s’y établirent. On les appelait Fir-bolg, hommes d’arc, parce qu’ils se servaient de l’arc plus que toutes les autres nations voisines.