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torrent de Lego. Althan raconta ainsi sa touchante histoire, et des larmes étaient dans ses yeux.

« Le soleil couchant jaunissait le sommet du Dora, le gris crépuscule commençait à descendre. Les bois de Témora s’agitaient au souffle d’un vent inconstant. Un nuage épais se formait dans l’Occident, une étoile rouge parut à son extrémité. J’étais seul dans la forêt : j’aperçus un fantôme dans les airs assombris. Ses pas s’étendaient d’une montagne à l’autre, et sur ses flancs était son obscur bouclier. C’était le fils de Semo ; je reconnus les traits du guerrier. Mais il s’évanouit dans une bouffée de vent et tout devint sombre à l’entour ! Mon âme était triste. Je revins à la salle des coupes : mille lumières y brillaient, et les cent bardes avaient accordé leurs harpes. Cormac, au milieu d’eux, ressemblait à l’étoile du matin, lorsqu’elle se réjouit sur les collines de l’Orient, et que ses jeunes rayons se baignent dans la rosée : brillante et silencieuse est sa marche dans les cieux, mais le nuage qui doit la voiler est proche ! L’épée d’Artho était dans les mains du roi. Il en contemplait avec joie la brillante poignée. Trois fois il essaya de la tirer, et trois fois il l’essaya en vain : ses cheveux dorés étaient épars sur ses épaules ; animées étaient les joues de sa jeunesse. Je pleurais sur ce rayon de jeunesse, car il devait bientôt s’éteindre ! »

« Althan, me dit-il avec un sourire, as-tu connu mon père ? Lourde est l’épée du roi ; sûrement son bras était fort ! Ah ! que ne suis-je comme lui dans la bataille, alors que s’allumait le feu de sa colère ! J’aurais alors, comme Cuthullin, combattu le fils de Cantéla ! Mais les années viendront, ô Althan, et mon bras deviendra fort. As-tu entendu parler du fils de Semo, du chef de la haute Témora ? Il devrait être de retour avec sa gloire ; il avait promis de revenir cette nuit. Mes bardes, avec leurs chants, l’atten-