Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres, après avoir brillé. Nous n’entendons plus que le bruit de leurs louanges, et cependant ils furent fameux dans leurs jours, ils furent la terreur de leurs temps ! Ainsi nous passerons nous-mêmes au jour de notre chute. Rendons-nous donc fameux, tandis que nous le pouvons, et derrière nous laissons notre renommée, comme le soleil ses dernières clartés, lorsqu’il cache sa tête ardente dans l’Occident. Le voyageur regrette son absence en se rappelant la flamme de ses rayons.

« Ullin, ancien de mes bardes, prends le vaisseau du roi et porte Oscar à la Selma des harpes ! Que les vierges de Morven pleurent, et nous, combattons dans Érin pour la race de Cormac assassiné. Les jours de mes années commencent à décliner ; je sens la faiblesse de mon bras. Mes pères se penchent sur leurs nuages pour recevoir leur fils dont l’âge a blanchi les cheveux. Mais avant que je parte d’ici, un rayon de gloire s’élèvera ; mes jours se termineront comme mes années ont commencé, avec gloire, et ma vie sera pour les bardes futurs un torrent de lumière ! »

Ullin déploya ses blanches voiles ; le vent du sud souffla, et sur les vagues il bondit vers Selma. — Je restai dans ma douleur, mais sans faire entendre une parole. La fête est préparée sur la plaine de Lena. Cent héros érigent le tombeau de Cairbar, mais pour ce chef aucun chant ne s’élève : son âme a été noire et sanguinaire. Les bardes se rappelaient le meurtre de Cormac, que pouvaient-ils dire à la louange de Cairbar ?

La nuit descend. De cent chênes, la flamme monte et brille. Fingal était assis sous un arbre. Le vieil Althan, debout au milieu des guerriers, fit le récit de la mort de Cormac. Althan, le fils de Connachar et l’ami de Cuthullin des chars, demeurait avec Cormac dans Témora, lorsque le fils de Semo tomba près du