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trine se gonfla de soupirs. « Les gémissements des chefs anciens, dit-il, les hurlements de mes chiens, les accents soudains des chants de douleur, ont attendri l’âme d’Oscar ; mon âme, qui jamais encore ne s’était attendrie : elle était semblable à l’acier de mon épée. Ossian, porte-moi sur mes collines ; élève les pierres de ma renommée ! Place le bois d’un cerf, place mon épée à mes côtés ! Le torrent, par la suite, peut emporter la terre ; le chasseur trouvera ce fer et dira : « Ceci fut l’épée d’Oscar, l’orgueil des années passées ! »

Et tu succombes, fils de ma gloire ! Oscar, ne te reverrai-je jamais ? Quand d’autres entendront parler de leurs fils, moi je n’entendrai plus parler de toi ! La mousse est sur tes quatre pierres grises, et le vent est plaintif à l’entour. On combattra sans toi ! tu ne poursuivras plus les biches fauves. Quand un guerrier reviendra de la guerre et parlera des contrées étrangères : « J’ai vu, dira-t-il, près d’un torrent mugissant, un tombeau, sombre demeure d’un chef ; il est tombé sous les coups d’Oscar, le premier des mortels ! » Peut être alors entendrai-je sa voix, et un rayon de joie se lèvera dans mon âme. »

La nuit serait descendue dans la tristesse et le matin serait revenu dans l’ombre de la douleur ; nos chefs, debout sur la plaine de Lena, comme de froids rochers qui distillent l’eau, auraient oublié la guerre ; si le roi, bannissant sa tristesse, n’eût élevé sa voix puissante. Les chefs, comme éveillés d’un rêve, lèvent leurs têtes autour de lui.

« Combien de temps pleurerons nous sur Moi-lena ? combien de temps, dans Érin, verserons-nous des larmes ? Le puissant ne reviendra pas. Oscar ne se lèvera plus dans sa force ! Les vaillants, à leur jour, doivent tomber et n’être plus connus sur leurs collines. Où sont nos pères, ô guerriers ! les chefs des temps passés ? Ils se sont couchés, comme les as-